Dans un peu plus de 2 mois, les dés seront lancés et les Français éliront leur Président de la République. Depuis plusieurs semaines, les débats vont bon train et chacun y va de sa bonne proposition pour se faire valoir aux yeux d’un électorat de plus en plus sceptique. Au cœur des discussions, un sujet qui nous concerne et qui déchaîne les passions : le statut de l’auto-entrepreneur.
Les auto-entrepreneurs sont-ils menacés ? Qu’est-ce qui les attend dans les mois à venir ?
Sommaire
Retour sur un régime de plus en plus controversé
3 ans après sa création, le statut de l’auto-entrepreneur a déjà séduit 1 million de créateurs et a généré à lui seul 7,4 milliards de chiffre d’affaires, soit 1,5 milliards de cotisations sociales et fiscales versées. Un succès donc, car il a permis à de nombreux Français, désireux de se lancer dans les affaires sans trop de paperasse et de risques, de tenter leur chance.
Mais que lui reproche-t-on aujourd’hui ?
Une concurrence déloyale
Accusés de concurrencer les artisans et certaines PME, et de pouvoir proposer des prestations à bas prix grâce à leurs faibles charges, les auto-entrepreneurs semblent prendre la place d’autres professionnels déjà bien implantés.
En réalité, même s’ils parviennent parfois à tirer les prix, il n’en faut pas moins oublier que leur chiffre d’affaires est plafonné et qu’ils ne peuvent pas déduire leurs frais réels. Le statut de l’auto-entrepreneur est donc, en cas de réussite, un tremplin, un moyen de s’installer peut-être plus aisément, mais rien de plus. Les chefs d’entreprise concernés sont en effet contraints de basculer vers un autre statut en cas de dépassement et ne sont auto-entrepreneurs que de façon temporaire.
Un statut inefficace
On lui reproche également bien souvent d’être un cache-misère. Pourtant, force est de constater qu’il a largement contribué à la baisse du chômage des jeunes, dont le nombre à avoir été séduit par la création d’entreprise est d’environ 162 000.
En effet, près de 22% des auto-entrepreneurs ont moins de 30 ans. Une population qui peine fréquemment à trouver un emploi stable, mais qui pourtant à une grande soif de réussite et d’entreprendre. Supprimer ou limiter le statut reviendrait à mettre un terme à l’esprit d’entreprise de la jeune génération et à la faire inlassablement retomber dans les oubliettes du chômage.
Aussi, en période crise, est-il vraiment raisonnable de priver des milliers de chefs d’entreprise de leurs rêves et projets ? Les petites structures n’ont-elles pas elles aussi un rôle à jouer, aussi modeste soit-il, pour relancer notre économie ?
Des privilèges trop durables
3 ans, c’est trop long ! Certains se proposent donc de limiter le statut à 2 ans, notamment dans le secteur du BTP.
Un corps de métier encore visé par les propositions des présidentiables. Au banc des accusés, les contraintes règlementaires et les garanties nécessaires inhérentes à ces professions et difficilement compatibles avec le statut simplifié de l’auto-entreprise. On accuse en particulier les obligations légales, les investissements nécessaires non déductibles et le coût des assurances obligatoires de ne pas être en phase avec ce régime.
Mais, un accompagnement spécifique et plus approfondi pourrait-il suffire et préserver cette catégorie d’entrepreneurs ?
Secret de Polichinelle ou pas, le statut star des créateurs d’entreprises est aujourd’hui sur la sellette et va jouer son avenir dans les prochains mois. Difficile de prévoir ce qui sera ou non voté ; le plus simple étant de nous donner rendez-vous le 6 mai prochain à 20 heures et de découvrir quelle sera notre destiné !
Emmanuelle COLLIN