Je vais vous présenter un livre qui est considéré comme l’un des textes fondateurs du mouvement du Développement Personnel et du Coaching :
« L’Approche centrée sur la personne » de Carl Rogers
Il s’agit d’un ouvrage sur la dynamique du changement mise en jeu lors du
développement de la personne. Il explore également les conditions nécessaires à
l’établissement de relations propices au développement du potentiel de chacun.
Dans son livre Carl Rogers montre la voie et indique clairement les objectifs à atteindre. Il met en évidence les éléments clés d’une relation constructive avec les autres, dont nombre de personnes et de managers n’ont pas connaissance.
« L’individu possède en lui-même des ressources considérables pour se comprendre, se percevoir différemment, changer ses attitudes fondamentales et son comportement vis-à-vis de lui-même. Mais seul un climat bien définissable, fait d’attitudes psychologiques facilitatrices, peut lui permettre d’accéder à ses ressources. »
L’ECHELLE DU DEVELOPPEMENT DE LA PERSONNE
Il est possible de situer le développement d’une personne sur une échelle en sept phases, en fonction des critères suivants :
Les sentiments : Comment sont-ils reconnus ou exprimés ? Sont-ils en phase
avec les paroles exprimées ?
Les expériences présentes : Comment sont-elles vécues, ressenties, évoquées, acceptées ? Quel est leur degré de rigidité ?
Le dialogue intérieur : Existe-t-il ? Est-il riche, Est-il ouvert ?
Les problèmes personnels : Sont-ils identifiés ? Si oui, sont-ils perçus comme
extérieurs ou intérieurs ?
Les relations interpersonnelles : Sont-elles acceptées, recherchées, appréciées, enrichissantes ?
Sept stades sont identifiés dans le changement de la personnalité, d’un état de rigidité, vers un état de fluidité.
Ce processus d’évolution est rythmé par de nombreuses prises de conscience des
limites du mode habituel de fonctionnement de la personne, autant de moments
dynamiques à l’origine du changement.
Les études scientifiques sur les évolutions de la personnalité menées au cours de ces phases ont rapporté une amélioration du moi perçu par la personne ainsi que le
rapprochement entre son moi perçu et son moi idéal.
Premier stade
Refus de parler de soi, la communication ne porte que sur des sujets extérieurs.
Aucune volonté de changement.
Aucun problème personnel n’est reconnu.
Rigidité des modèles comportementaux dérivés d’expériences antérieures.
Deuxième stade
Communication sur des sentiments concernant les autres.
Les problèmes sont identifiés mais perçus comme extérieurs.
Les schèmes restent rigides et sont exprimés comme des faits.
Troisième stade
Description de sentiments mais pas d’acceptation.
Expériences personnelles décrites comme des objets.
L’expression sur le moi commence à se développer.
Les schèmes personnels rigides commencent à être identifiés.
Identification de contradictions dans sa conduite, dans ses choix.
Quatrième stade
Enrichissement de la communication sur les sentiments qui sont maintenant dans le présent et non dans le passé.
Construction de l’expérience plus immédiate, moins dépendante des schèmes du passé.
Début de doute sur la validité des modèles personnels, souvent vécu comme un choc.
Début de prise de conscience de sa responsabilité personnelle.
Cinquième stade
Les sentiments sont vécus dans le présent, exprimés plus librement et commencent à être pleinement acceptés, malgré certaines craintes.
Sentiment de responsabilité personnelle devant les problèmes
Acceptation des incohérences.
La rigidité a fait place à la mobilité.
Sixième stade
Acceptation de l’immédiateté des sentiments et de l’expérience, qui sont vécus intérieurement.
Libération et enrichissement du dialogue intérieur.
Expériences de congruence entre expérience et conscience, de plus en plus fréquentes.
Établissement de nouveaux cadres comportementaux de référence.
Le sujet vit ses problèmes.
Les mutations de ce stade sont irréversibles et mènent naturellement vers le stade suivant.
Septième stade
L’acceptation des expériences vécues forge une confiance en soi avec l’acceptation de soi et des autres.
Révision permanente des schèmes qui ressortent soit validés par l’expérience nouvelle soit modifiés.
Dialogue intérieur riche et clair, menant vers de véritables choix.
Différenciation des sentiments et des opinions personnelles.
Conscience de soi.
Sensation de responsabilité vis-à-vis des problèmes, de ses choix et de son existence.
Les relations interpersonnelles ne sont plus vécues comme dangereuses mais enrichissantes.
LE MOI POTENTIEL
Au sommet de l’échelle, la personne devient son potentiel humain, elle l’incarne
véritablement. Elle gagne une plus grande unité, tout en mobilité, avec une capacité de changement et d’adaptation selon les expériences vécues.
Elle n’agit plus en fonction des attentes, des devoirs mais selon l’intensité et la globalité de son expérience personnelle.
Elle prend conscience de ce qu’elle éprouve réellement, sans la déformation de filtres conceptuels hérités du passé.
La personne atteignant cette étape ultime présente alors les caractéristiques suivantes :
Ouverture : L’expérience présente et la relation avec les autres sont recherchées puisqu’elles contribuent à nourrir la personnalité.
Confiance : Ayant suffisamment d’atouts, de capacités de décision et de réaction, l’individu gagne naturellement en confiance.
Libre-arbitre : Même si la personne garde en tête les contraintes, les devoirs, les habitudes, les normes sociales, les expériences passées, elle réussit à les mettre en perspective avec son jugement personnel, à l’instant présent, pour prendre sa propre décision.
Créativité : La personne, ouverte, confiante en ses capacités à trouver des solutions, adopte une attitude plus constructive face aux problèmes rencontrés et sait faire preuve de grandes facultés d’adaptation face au changement. L’évaluation de ses créations est faite en fonction de ses aspirations, de ses expériences, de ses choix et non selon des attentes extérieures.
Bien sûr, pour s’exprimer pleinement, cette aptitude créative nécessite également des conditions externes favorables telles qu’un climat de sécurité et de liberté psychologiques suffisants.
ALORS COMMENT ETABLIR UNE BONNE RELATION, “DEVELOPPANTE” AVEC SES COLLABORATEURS ?
Cette question concerne aussi bien l’établissement d’une bonne communication, que le développement d’une relation d’aide, de management ou de coaching.
La relation d’aide fonctionne selon les mêmes lois que la relation interpersonnelle et
s’applique à toutes les circonstances où une personne cherche à développer chez une autre personne ses capacités, son autonomie et sa maturité.
“Il existe des cadres supérieurs qui cherchent à établir avec leur personnel des relations favorisant la croissance tandis que d’autres s’en soucient peu”.
Trois conditions sont requises pour qu’un climat soit favorable à la croissance d’un individu, l’Authenticité, l’Acceptation et l’Empathie :
Authenticité : Cette première condition signifie qu’il y a concordance de l’expression, l’attitude et le comportement, avec les sentiments éprouvés.
S’il y a discordance, l’interlocuteur perçoit deux signaux contradictoires, l’un provenant de la communication non verbale exprimant une certaine position et l’autre provenant de la parole en exprimant une autre. Il y a alors perte de confiance.
Pour satisfaire cette exigence, il faut être capable d’éprouver puis d’exprimer un
sentiment positif aussi bien qu’un sentiment négatif.
Les sentiments positifs à l’égard d’autrui sont généralement redoutés, par crainte de
voir sa confiance trahie ou par simple mécanisme de défense. Sans doute faut-il
disposer d’une personnalité indépendante et assez forte pour se le permettre.
Cette première caractéristique est de loin la plus difficile et Rogers avoue lui-même ne pas y être arrivé en permanence. Cependant, l’important est d’avoir conscience de cet objectif d’authenticité et de tout mettre en œuvre pour l’atteindre.
Une attitude d’authenticité génère chez l’autre un sentiment de confort et de sécurité
propices à l’établissement en retour d’une bonne relation.
Dans le cas de non-authenticité, la position de façade sera clairement perceptible, ce
qui provoquera suspicion et prudence chez l’autre. La communication ne pourra pas
atteindre un niveau suffisamment profond.
Seul l’individu unifié, confiant dans ses choix, ressentant une liberté de mouvement,
pourra réussir à expérimenter cette condition d’authenticité.
Empathie : Cette deuxième condition se caractérise par la compréhension des points de vue, des sentiments et des conceptions personnelles de l’autre. Il s’agit de réussir à comprendre l’autre au point d’en être capable de résumer ses positions à sa place, telles que lui-même accepterait de les formuler, sans aucune déformation.
L’objectif est de réussir à percevoir le monde de l’autre comme si l’on était à sa place, sans jamais mélanger ses propres sentiments et ceux de l’autre.
Attention : Comprendre ne signifie pas approuver ! C’est là que réside l’erreur la plus
classique. Certaines personnes s’interdisent ce genre d’écoute par crainte de laisser
penser qu’elles sont en accord avec les paroles de l’autre.
L’un des aspects les plus importants pour atteindre cet état d’esprit consiste à réussir
à ne plus porter de jugement de valeur. Nous sommes équipés d’un évaluateur
permanent qui, façonné par nos années d’études, par les remarques de nos parents, est complètement surdimensionné. Il fonctionne en permanence, nous soumettant sans interruption des résultats d’analyse sur tout ce qui nous entoure. Il faut réussir à le débrancher pour ne le solliciter qu’au moment opportun.
Il est d’autant plus délicat d’y parvenir dans une situation émotionnellement chargée, de tension, d’énervement, où la tendance à juger est encore amplifiée. À défaut
d’empathie, la confrontation de deux jugements opposés n’amènera qu’à un
renforcement des distances, un éloignement des points de vue sans jamais permettre une communication profonde sur le sujet abordé.
Un bénéfice secondaire de l’empathie est qu’elle tend donc à responsabiliser l’autre.
L’idée en est très simple, ne subissant plus en permanence les jugements de l’autre, la personne ressentira que c’est sa responsabilité de porter son propre jugement.
Mettre en œuvre cette communication empathique soulève plusieurs difficultés. Tout
d’abord, elle nécessite du courage. Comprendre les positions de l’autre risque de
vous amener à les prendre plus en considération, voire à finir par les accepter. Si votre jugement initial, le fameux évaluateur surdimensionné, vous a immédiatement catalogué les idées de l’autre comme étant mauvaises, vous vivrez comme un danger, une menace, de vous en rapprocher et vous n’arriverez pas à écouter sans juger.
Lorsqu’une situation de tension s’instaure, en cas de conflit par exemple, une
tempête émotionnelle interne risque d’accaparer entièrement les pensées des
protagonistes, les privant de la disponibilité nécessaire pour installer une bonne écoute empathique. C’est pourtant là qu’elle serait le plus nécessaire. En effet, une discussion envenimée du type “j’ai tort, tu as raison ou bien j’ai raison, tu as tort ” ne mène généralement à rien. Seule, l’attitude d’un leader capable de dominer ses sentiments bouillonnants pour comprendre les positions de l’autre pourra abaisser la tension et recréer un climat favorable. Cela produira un effet catalyseur permettant à la relation de s’établir.
Acceptation : Il s’agit là de montrer que l’on porte une attention réelle, sincère et chaleureuse à la personne, et ceci indépendamment de ses prises de positions et de ses choix.
Pour décrire autrement cette condition, le terme de considération positive
inconditionnelle est éclairant. Il s’agit bien d’adopter une attitude résolument positive,
chaleureuse, ne dépendant pas du résultat d’évaluations.
Enfin, il est important de considérer la personne en devenir, de prendre en compte
toutes ses potentialités et non de la juger sur la base de ses actes passés. Sinon, la personne aura tendance à suivre la voie qui est attendue d’elle. Si son environnement la sous-estime constamment elle sous-performera, si au contraire il lui est démontré une confiance en ses capacités, alors la personne évoluera dans ce sens.
Ce livre s’adresse à tous, les managers en particulier y trouveront des bases solides pour créer les conditions du développement de ses collaborateurs.
Carl Rogers fut l’un des plus grands psychologues américains, père de l’approche
thérapeutique d’analyse centrée sur la personne. Membre fondateur du courant de la psychologie humaniste, il s’est particulièrement intéressé au changement de la
personnalité. Il a toujours œuvré pour que ses connaissances acquises en
psychothérapie trouvent des applications dans le champ plus global des Relations
Humaines.
“J’ai découvert certaines données philosophiques sur la vie et le but vers lesquels l’individu progresse lorsqu’il est libre”
Pascal
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http://www.eco-sens-coaching.com
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