Travailler et voyager en famille

Dans son best-seller Sapiens : Une brève histoire de l'humanité (2001), Yuval Noah Harari nous rappelle que l'humain est à l'origine un nomade, qui se déplaçait au gré de ses besoins alimentaires. Nous serions peut-être nostalgiques de cette période de liberté absolue. En comparaison, nos vies sédentaires d'aujourd'hui semblent bien mornes... sauf que cette liberté s'accompagnait aussi d'une insécurité totale. Rester chez soi, s'y sentir bien et ne pas vouloir y bouger, c'est un vrai choix positif qui s'assume totalement !

Marcel Proust nous le rappelle d'ailleurs très justement : "Le seul véritable voyage, le seul bain de Jouvence, ce ne serait pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux, de voir l’univers avec les yeux d’un autre, de cent autres, de voir les cent univers que chacun d’eux voit, que chacun d’eux est." (À la recherche du temps perdu -La Prisonnière, 1925).

Cette petite précision faite, l'idée de ce dossier n'est donc pas de défendre l'idée du voyage à tout prix, ni de faire croire que la vie est plus belle ailleurs, mais de démontrer que, pour un entrepreneur, partir régulièrement à la découverte d'autres pays et d'autres modes de vie va renforcer redoutablement ses capacités à innover et à se remettre en cause. L'agilité et la souplesse sont des qualités importantes pour réussir un voyage. Elles sont essentielles pour réussir en tant qu'entrepreneur.

La bonne nouvelle, c'est que, contrairement aux idées reçues, les enfants et le travail indépendant n'empêchent pas du tout de partir à l'aventure, au contraire ! J'ai longtemps voyagé seul et je craignais que partir avec la smala rende cette expérience pénible : c'est l'opposé qui s'est révélé, car nous profitons de nos regards croisés, nous entrons en relation avec les habitants d'une façon différente, nous enrichissons une mémoire commune. Ce n'est ni mieux ni moins bien que de voyager seul, c'est juste autre chose. Je me disais aussi que cela allait m'empêcher de travailler correctement : le temps de travail est certes réduit, mais il est incroyablement plus productif, car le temps limité force à réaliser en une heure ce qui aurait été terminé autrement en deux ou trois heures.

Voyager avec sa famille tout en continuant de travailler, est-ce vraiment possible ?

Ce que je souhaite démontrer c'est :

1. qu'il est tout à fait possible d'avoir une vie professionnelle à domicile, des enfants ET de voyager une bonne partie de l'année en famille !
2. que ce sont souvent les mêmes blocages de pensées ("ça va être trop fatiguant", "on n'a pas assez d'argent", "ce n'est pas le bon moment", "on a plein de choses à faire ici", "je ne pourrais pas travailler comme il faut", etc...) qui empêchent les personnes de se lancer et de devenir indépendant.
3. que la seule qualité indispensable pour parvenir à voyager tout en  continuant de travailler, consiste à recevoir comme un enrichissement tous les ennuis multiples qui ne vont pas manquer d'arriver, car un voyage vraiment formateur, c'est avant tout un voyage où rien ne se passe comme prévu :)
4. que tout est une question d'organisation et d'anticipations : c'est de cela essentiellement que je vais parler dans mes articles sur ce thème du travail-voyage-famille

L'échec, selon moi, ce n'est pas de perdre quelque chose ou de rater le lancement d'un projet, mais c'est de se laisser enfermer dans une zone de "non-risque" tout en s'en plaignant. C'est aussi de ne pas savoir prendre du recul et tirer des leçons d'un projet avorté, et d'en rendre responsable les autres.

C'est cette idée d'acceptation positive du risque que vient raviver le voyage, surtout s'il est un peu en mode "free-style" comme je les affectionne : zéro réservation (du moins quand on décide de partir de manière improvisée avec seulement un billet d'avion en poche), zéro planning, zéro guide touristique (seulement mon guide de conversation loecsen.com; sinon, les meilleurs guides, ce sont les habitants).

Quel type de voyages en famille ?

Ce dossier ne concerne que les séjours de quelques jours à quelques semaines. Les voyages au long court sont encore une autre histoire et concernent beaucoup moins de parents.

La difficulté des voyages intervenant au milieu d'une vie "normale", c'est qu'ils vont briser une routine. Et contrairement à ce que j'entends souvent, cette routine, ce sont beaucoup plus les parents qui y tiennent que les enfants : ce sont les premiers qui ont le plus de difficulté à s'adapter à un nouvel environnement ! Les enfants vont, à l'inverse, adorer avoir leur routine bouleversée et passer plus de temps en famille.

Cette phrase revient souvent : on va en vacances uniquement en club car c'est super pour les enfants qui sont bien encadrés et nous on est tranquille la journée. Pourquoi pas évidemment, surtout si vous n'avez pas envie de gérer le stress et souhaitez garder une routine. Mais si votre esprit de découverte est encore intact, sachez que vos enfants seront ravis de vivre ces moments avec vous. Le plus important, c'est d'être à leur écoute, et de respecter leur désirs : dans la majorité des cas, un enfant en bas âge préfèrera passer 80% du temps à s'amuser en plein air et goûtera pleinement les 20% restant dans des visites culturelles. L'inverse risque de rendre vos séjours difficiles !

A partir de quel âge partir en voyage avec ses enfants ?

Le premier voyage en avion pour nos deux enfants s'est fait juste après leur troisième mois. En train bien avant. Sauf soucis de santé particulier, il n'y a rien qui puisse vraiment vous empêcher de (re)partir très rapidement en voyage.

Personnellement je favorise les destinations avec des temps de transports inférieurs à 4 heures : au-delà, le risque est de faire vivre un enfer à votre enfant et aux autres passagers si quelques chose se passe mal. Et aujourd'hui, partir en avion à l'autre bout du monde pour une semaine ou deux, c'est difficilement acceptable d'un point de vue du coût écologique.

Nos voyages sur Instagram

En partageant nos photographies, j'espère illustrer tout le bénéfice de travailler à son compte et de voyager en famille.
Prendre ces photos n'a pour moi rien d'une évidence : j'estime qu'il est plus judicieux d'acheter des cartes postales (pour ceux qui tiennent à emporter avec eux un souvenir visuel) que de fuir l'instant présent derrière un objectif. En prenant la décision d'écrire sur ce thème du voyage en famille, j'ai cependant accepté de sacrifier ce principe au profit de l'instant partagé.

Liste des article sur le thème "travailler en voyage avec sa famille" :

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