Avec un nombre de porteurs de projets grandissant, le commerce équitable est un concept à la mode. Ecologique, il fait écho aux préoccupations environnementales. Ethique, il permet de vendre des produits des pays du Sud en assurant aux producteurs des revenus décents. Mais derrière cet aspect idyllique se cache aussi une activité qui nécessite de bonnes connaissances du secteur. Explications avec Vicky, une commerçante très active.
Sans l’aide du salaire de son mari, il serait certainement difficile pour Vicky de vivre du commerce équitable. Pour autant, cette Colombienne de 38 ans, mère de 4 enfants, n’a pas hésité à relever le défi. En 2007, après avoir suivi des études en Lettres étrangères et obtenu une licence d’espagnol, elle se lasse rapidement de son statut de professeur vacataire et des petits boulots qu’elle effectue ici et là. Elle lance alors sa propre boutique en ligne de commerce équitable, Colombianoz*, à travers laquelle elle commercialise des produits artisanaux tout droit venu de Colombie, son pays d’origine.
Comme elle, nombreux sont les porteurs de projets désireux de se lancer dans ce secteur en pleine croissance. Pour preuve, les ventes françaises de produits équitables du réseau Max Havelaar, l’un des labels les plus connus du commerce équitable, ont progressé de 15% l’année dernière, selon une récente étude publiée par Xerfi.
Sommaire
Une formation indispensable
Depuis l’ouverture de sa petite entreprise il y a 3 ans, Vicky commence tout juste à marquer son territoire. Mais le chemin a été long. Car outre la motivation et l’engagement, il reste nécessaire d’avoir de réelles compétences en commerce, en gestion ou encore en entreprenariat pour se lancer. Ainsi, Vicky a d’abord suivie une première formation en collaboration avec la Chambre du Commerce, puis une seconde dispensée par la Boutique de Gestion du Finistère. Là, elle apprend à monter son projet, créer son entreprise et bénéficie de nombreux conseils sur la façon dont gérer ses stocks ou encore établir un prévisionnel.
Le financement, un passage obligé
Puis, direction la banque. Un passage important, puisque le financement reste l’une des principales contraintes du commerce équitable. L’importateur étant souvent tenu de verser une part du montant des transactions avant la réception du produit. « Là encore il faut non seulement convaincre, mais surtout que les chiffres annoncés soient crédibles », explique la commerçante. Cette dernière n’a d’ailleurs pas hésité à faire appel à un comptable, après avoir essuyé plusieurs refus des établissements. Les institutions les plus à même de collaborer avec les porteurs de projets restant encore les banques de l’économie sociale et le réseau des finances solidaires.
Au total, Vicky a finalement investi plus de 21 000 euros dans son projet, la création de son site internet (réalisé par un professionnel), comprise. L’argent a ainsi été mis en priorité dans les achats, ainsi que dans l’acheminement en avion de ses produits, désormais effectué trois à quatre fois par an.
Se tisser un réseau
Coté fournisseurs, la Colombienne, n’a pas rencontré de réelles difficulté à se faire connaitre. Au démarrage de son activité, elle entre ainsi facilement en contact avec plusieurs associations et coopératives de son pays qu’elle souhaite soutenir, dont « Promotora », une entité à but non lucratif regroupant la totalité des artisans avec qui elle travaille aujourd’hui. C’est également cet organisme qui lui facilite ses démarches administratives, et qui lui permet le transport groupé de ses marchandises.
Concernant la prospection de ses clients, Vicky arpente régulièrement les marchés de sa région et participe à de nombreux salons partout en France afin de se faire connaitre, mais aussi d’écouler ses stocks. « J’ai également établi des partenariats avec les boutiques des environs qui me commandent régulièrement des produits », explique-t-elle. L’activité n’est toutefois pas sans quelques aléas. Vicky raconte ainsi comment son stock de hamacs, peut adaptés à la saison hivernale, dort toujours dans son garage… En outre, la Colombienne met en garde sur cette activité souvent complexe, qui nécessite de naviguer entre plusieurs postes (vente, marketing, achat), mais surtout de respecter à la fois les normes et les contraintes du commerce traditionnel, et celles du commerce équitable.
A terme, Vicky espère implanter sa propre boutique à Brest où elle réside, et pourquoi pas engager une équipe compétente, notamment pour la prospection de sa clientèle ou la mise à jour de son site internet. Pour l’heure, la dynamique commerçante prend encore le temps et le plaisir de se consacrer à sa principale activité… sa famille !
*http://www.colombianoz.com/
M.B.